Publié le 17/05/2022 Vue 418 fois
L’Orge bulbeuse (Hordeum bulbosum L.) est une graminée vivace de grande taille, pouvant dépasser un mètre de hauteur.
Ses inflorescences présentent les caractéristiques du genre Hordeum L. : épi unique, distique, à nœuds rapprochés, chaque nœud portant trois épillets à fleur unique ; les deux épillets latéraux plus ou moins développés selon l’espèce, l’épillet central portant de longues arêtes terminales sur les glumes et les lemmes. Notre espèce se distingue au premier coup d’œil des autres orges par la présence de renflements tubérisés à la base de ses tiges, caractéristique à l’origine de l’épithète bulbosum. Chez l’Orge bulbeuse les épillets latéraux ne portent pas de fleurs femelles (comme chez tous les Hordeum de la flore de France hormis H. vulgare L. subsp. vulgare), sont à lemmes mutiques (caractère uniquement retrouvé chez H. vulgare subsp. distichon (L.) Körn. en France) et les arêtes de l’épillet central ne dépassent pas 5 cm de long. L’épi, jaunâtre, dépasse aisément 10 cm de long. La tige est nue au sommet, les feuilles caulinaires sont vertes, à limbe pubescent, gaine glabre et ligule courte et tronquée. La souche est gazonnante, ce qui donne des populations impressionnantes à la fois hautes en taille et étendues en superficie.
La Flore de la France méditerranéenne continentale (TISON et al., 2014) attribue une origine subtropicale à l’espèce, tandis que Flora Gallica (TISON & DE FOUCAULT, 2014) une origine méditerranéenne. BAUM & BAILEY (1985), qui ont étudié l’infraspécificité chez cette orge, la donnent originaire du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, de l’Espagne à l’ouest jusqu’en Iran à l’est. Concernant la France, la plante est connue de longue date en Provence (Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse), plus récemment en Haute-Corse. Elle est également observée de nos jours dans le Haut-Rhin, et l’a été (obsidionale) en région parisienne dans les années 1870.
Plusieurs stations d’Orge bulbeuse ont été découvertes le 9 juin 2021 dans le département de la Charente lors d’inventaires réalisés par le CBNSA (Nicolas Leblond). Elles se trouvent en lisières de boisements sur les communes de Saint-Simeux et Châteauneuf-sur-Charente, sur les pentes encadrant la rive droite de la rivière Charente.
A notre connaissance cette espèce n’avait encore jamais été signalée en Nouvelle-Aquitaine.
Concernant l’indigénat de ces stations charentaises, il sera difficile d’être affirmatif. BAUM & BAILEY (1985) distinguent deux sous-espèces :
- l’une diploïde (2n=14), nodosum, à marges des glumes des épillets centraux jamais ciliées, est-méditerranéenne
- l’autre tétraploïde (2n=28), bulbosum, à marges des glumes des épillets centraux ciliées ou non, ouest-méditerranéenne
La population de Saint-Mandrier (Var) est à marges glabres mais a été comptée tétraploïde ; il s’agit donc de la subsp. bulbosum, naturalisée. La population de Belgodère (Haute-Corse) est à marges ciliées, il s’agit donc également de la subsp. bulbosum (source : Jean-Marc Tison, comm. pers.). Quant à la population charentaise, elle a montré des épillets centraux à marges des glumes glabres. Il sera donc nécessaire de regarder sa ploïdie pour déterminer la sous-espèce, indice important pour évaluer son indigénat (crédible s’il s’agit de nodosum, ouest-méditerranéenne, mais impossible s’il s’agit de bulbosum, est-méditerranéenne).
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Observatoire de la biodiversité végétale - CBNSA
Auteur : Olivier VANNUCCI